Bouthéon devient une perle du Forez, l’égal de la Bâtie d’Urfé.
Avec Guillaume de Gadagne s’est poursuivie l’influence de la Renaissance Italienne sur le château de Bouthéon qui devient une perle du Forez.
En 1606, Anne d’Urfé fait l’éloge de ce château de Bouthéon.
Voici la description du poète Anne d’Urfé :
« La plus belle des maisons appartenant aux seigneurs du pays, est celle de Bouthéon, commencée par le bastard Matieu de Bourbon, fort somptueusement et depuis achevée par Messire Guillaume de Gadagne, seigneur dudict lieu, mais non pas en même somptuosité. Cette maison est un peu relevée, qui lui fait avoir une très belle vue, et estre en un terroyer sec. Elle est forte, estant bien flanquée de quatre grosses tours, entre lesquelles il y a une, la plus belle de toute ceste plaine. Elle est faussoyée de bons grands fossés à fons de cuve, avec de bonnes et grandes casemates ; elle a deux belles et grandes salles accompagnées à chacun bout de très belles chambres, acomodées d’arières-chambres, garde-robes et cabinets, et bref, bâties par ledit bastard Matieu, à la principauté. Il y a une fort belle galerie close, deux couvertes et terrasse sur le devant ; deux belles cours, un beau jardin et tant d’aultres commodités, que je serais trop prolixe à les conter. »
Le 10 Août 1641, après le décès de Balthazar Gadagne d’Hostun, le comte de Verdun déshérité, fit apposer les scellés sur le château de Bouthéon et fut commencé un inventaire de la fortune mobilière des Gadagne.
« Voici d’abord les beaux tapis de Smyrne et les riches tentures en haute lisse de Flandre qui couvrent le sol et les murs des grands appartements du rez-de-chaussée ou des chambres du premier étage. Ici, dit l’inventaire, les tapisseries représentent des bestiaux et bocages ; là, des verdures et des bûcherons ; plus loin, l’histoire de Moïse ; ailleurs, celle de Pompée, ou bien celle de Noble-Cœur. La chambre dite des Gadagne, située au premier étage, est ornée à elle seule de cinq pièces de tapisseries (trois aunes et un tiers de hauteur) estimées à 5.100 livres, « quoique la bordure du bas soit mangée par les rats. Dans la même chambre, un grand lit de cinq pieds et demi de largeur, garni de velours cramoisi avec broderies d’or et d’argent… le tout estimé à 1.200 livres »
Dénombrement de 1673 de la seigneurie de Bouthéon, par messire Louis de Gadagne d’Hostun
« Possède à Bouthéon, son château et maison forte à quatre grosses tours, avec fossé, deux pont-levis, un enclos, avec grande vigne, où se trouvent deux colombiers.
It. plusieurs terres labourables, prés, vignes.
It. une garenne joignant la Loire.
It. trois étangs : les étangs du Creux, de Marque, de Vauche.
It. plusieurs bois : du Fil, du Bruslay, de la Barrière, Dulac, le bois de Bothéon.
It. droit de justice, haute, moyenne et basse sur tout lad. terre, même sur la Loire, et rivages opposés dans l’île qui est au dessus du Port dud. seigneur, qui lui appartient.
It. droit de commettre juge, châtelain, procureur fiscal, greffier et sergent.
It. en toute justice, la rente noble de Bouthéon, cens, lods, mi-lods en toute mutation, corvées, charrois manœuvres sur tous les emphitéotes qui sont taillables, et mariage des filles dud. sgr. : 25 l. 19 s. 9 d. ; froment : 124 bichets ; seigle : 410 bichets ; orge : 1 bichet 2 coupes ½ ; avoine : 425 ras et demi coupe ; 48 chapons ¼ , 23 gelines et ½ et ½ tiers.
It. présentation à deux prébendes à Bouthéon, l’une dite de Saint Guillaume.
(Acquets postérieurs au moyen âge :
rente noble de la Merlée sur la Tour en Jarez ) 05-6
It. rente égarée de Bothéon sur Saint Galmier et environs : 3 l. 11 sols, 1 bichet seigle, 1 bichet orge, 19 ras avoine, 5 poules ½, 2 ânées 1/12 de vin.
It. Autre rente de Serre sur Châtelus, etc… : 4 l. 7 d., 6 bichets seigle, 15 ras d’avoine, 2 gélines, 4 symaise et un pot de vin.
It. rente de Curraise (acquise) et divers fonds (acquis).
It. rente acquise du prieur de Firminy …
It. dîme inféodé de grains et charnage de Boisset (acquis)
It. dans sa terre de Bothéon, droit de port et pontanage sur Loire, dit le port de la Rive ou port de Bothéon.
It. droit de pêche dans toute lad. rivière au long de sa terre, et des rivages opposés, avec droit d’empêcher tous autres et d’y tenir bateaux et filets sans sa licence.
It. moulin sur Loire à 3 roues, une à froment et 2 à seigle, aux quels sont tenus les justiciables.
It. autre moulin … de Curraise (acquis)
It. droit de pressoir banal »
17ème 18ème : le déclin
Autour de 1732, le donjon du bâtiment sud est arasé à hauteur de la toiture par le comte Pons d’Hostun. La toiture devient un toit plat en tuiles creuses.
En 1751 un procès verbal nous apprend beaucoup de choses sur l’état du château :
- le bâtiment nord était surmonté d’un toit aigu recouvert de tuiles à crochets et ardoises
- l’existence des jardins est mentionné : de nombreux compartiments étaient dessinés en buis avec des allées de marronniers, de charmilles, d’ifs taillés en portiques qui conduisaient au pavillon du parc appelé » Château Gaillard « .
Un état détaillé montre que le château était pratiquement en ruines : charpentes en ardoises effondrées, les toitures ou dômes des 3 tours disparus, les tours sud-est et sud-ouest tombèrent en ruines et ne furent jamais relevées.
Sur la façade nord, un pont jeté sur les fossés conduit au parterre.
Trois fossés entouraient le château côté nord matin midi. Ils étaient appelés à fonds de cuve parce qu’ils étaient sur leurs 2 faces presque perpendiculaires revêtues en pierre. La tour sud-est appelé Tour du Moulin (un moulin à blé existe encore en 1751).
Le 7 Février 1793, Claude Antoine Praire de Nézieux achète le château de Bouthéon à Louis Pons pour le prix de 340.000 livres.
Le 15 Novembre 1793, Claude Antoine Praire de Nézieux fut fusillé à Lyon (Brotteaux) lors de la Terreur qui suivit la Révolution. D’abord confisqué puis restitué, le château de Bouthéon devint rapidement pour Benoite Gonin (veuve de Praire de Nézieux) une source de charges et de soucis.
En 1803, son fils mineur Philippe Praire de Nézieux vendit à Jean Marie Graille qui fit reconstruire la partie ouest de la façade méridionale de l’aile nord et fit établir des petites fenêtres. Plus tard, Jean Marie Graille devint Graille de Monteyma, Baron d’Empire. Suite aux différentes dévaluations, cette vente fut l’objet d’un long procès qui se terminera le 31 Août 1820.
En 1850, la famille Thiollière est propriétaire : la tour du matin côté nord-est (de nos jours la chapelle) perdit son dôme et fut arasée jusqu’au 1er étage.